Tunisie :Sauvons le pays de la dérive

Publié le par Mahi Ahmed

Tunisie :Sauvons le pays de la dérive.

Par Taïeb Zahar       02/05/2011

 

 La révolution tunisienne, les enjeux de la transition démocratique et de rôle de la société civile, telle est la thématique choisie par le comité scientifique du Forum International de Réalités pour sa quatorzième édition qui se déroule cette semaine à Yasmine Hammamet du 27 au 29 avril. Cette manifestation, la première que notre journal organise avec ses partenaires après la révolution du 14 Janvier, a pour ambition de tirer les enseignements de la première révolution dans la région et d’analyser les enjeux de la transition, qu’ils soient politiques, économiques ou sociaux à trois mois d’une échéance cruciale, l’élection de l’Assemblée constituante qui déterminera le projet de société que vont choisir les premiers représentants du peuple, élus démocratiquement depuis l’indépendance du pays. Nous avons toujours fait de nos forums un cadre de débat libre et démocratique pour la société civile tunisienne et maghrébine malgré les pressions. C’était également l’occasion de confronter nos expériences et nos politiques de développement avec nos partenaires maghrébins, arabes africains et bien sûr européens auxquels nous lient, à travers la Méditerranée, une histoire mais aussi un avenir et un devenir communs. La Tunisie ne peut répondre aux nombreux défis de développement, que la révolution vient de nous rappeler, qu’à travers un partenariat renforcé et réadapté à la nouvelle donne avec l’Europe. Pour le moment nous restons au stade des intentions et ce n’est pas la calamiteuse gestion des réfugiés Tunisiens en Europe qui soit l’exemple à retenir.

Ce n’est pas en bétonnant les frontières qu’on résoudra les problèmes de l’immigration clandestine. L’Europe vieillissante a besoin de l’énergie des Maghrébins pour son développement. Elle a besoin d’intégrer le Maghreb pour chercher la croissance qui lui manque. En un mot elle a besoin d’une autre vision qui engloberait  le Sud de la Méditerranée pour élargir son marché et faire contre-poids avec les autres grands ensembles régionaux et notamment l’asiatique. Plusieurs autres questions seront également traitées sous forme de panels ou dans le cadre de “work-shops” comme le futur de l’Union Pour la Méditerranée (UPM), le rôle des médias mais également de la société civile dans la transition démocratique, la convergence économique et l’intégration : l’exemple du tourisme. Nous espérons que la quatorzième édition du forum, par la qualité des participants et par le débat qui s’en suivra marquera une sorte d’apothéose. Cette rencontre contribuera aussi modestement que possible à une meilleure compréhension des enjeux et mettra en exergue le rôle de la société civile dans la réussite de la transition démocratique. Nous l’avons écrit précédemment, l’heure est grave. Malgré les efforts, la sécurité n’est pas encore rétablie. Les derniers évènements d’envahissement du stade de Bizerte lors d’une rencontre de foot-ball sans enjeux particuliers le prouvent. Les grèves et les protestations de toutes sortes continuent à travers toute la République hypothéquant toute annonce de reprise économique. La saison touristique est plus que compromise malgré les tentatives de l’Administration et des hôteliers de sauver un tant soit peu la saison. Tout se passe comme si il y a un profond mouvement de déstructuration de la société tunisienne. Face à “l’absence” d’Etat, de plus en plus de citoyens ne semblent s’intéresser qu’à leurs propres intérêts, s’éloignant de plus en plus des valeurs de dignité et de liberté qui ont symbolisé la première révolution du 21ème siècle.

Que peut le gouvernement face à cette situation qui, si elle se prolonge, risque de livrer le pays entier au chaos ? La classe politique ne semble pas pour le moment, suffisamment consciente de la gravité de la situation.  Elle est plutôt intéressée à faire campagne, en caressant dans le sens du poil tous les mécontents pour attirer leur sympathie. Plus grave certaines forces extrémistes instrumentalisent les frustrations à des fins inavouées. L’heure n’est plus aux calculs partisans mais plutôt à l’union de tous les démocrates pour rappeler à la raison tous les “égarés” en usant de patience et de pédagogie. Mais en même temps, appliquer la tolérance zéro à tous les criminels. La meilleure police du monde ne pourra à elle seule ramener la sécurité au pays si la société civile dans toutes ses composantes : le Syndicat (étrangement silencieux ces derniers temps), la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, l’Association des Femmes Démocrates etc… ne jouent leur rôle d’autorité morale pour le pays et investissent le terrain pour tenter de canaliser les mécontents et s’il le faut stigmatiser publiquement comme vient de le faire la LTDH au sujet de l’instrumentalisation de la religion par certains extrémistes. Il est souhaitable aussi que la Haute instance pour la sauvegarde de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique ne soit pas uniquement un organe d’oppositions au gouvernement mais ses membres doivent aussi  faire preuve d’un esprit constructif pour appeler les citoyens coupables d’actes répréhensibles, de se conformer aux lois en vigueur et de ne privilégier que l’intérêt du pays. Ce n’est qu’avec la mobilisation de l’ensemble des Tunisiens attachés au projet républicain et démocratique qu’on pourra sauver la révolution et le pays de toute dérive qui nous ramènerait à la dictature.

La Tunisie est un petit pays sans ressources mais elle regorge de citoyens instruits.

Ne gâchons pas cette opportunité.

 

 

 

 La révolution tunisienne, les enjeux de la transition démocratique et de rôle de la société civile, telle est la thématique choisie par le comité scientifique du Forum International de Réalités pour sa quatorzième édition qui se déroule cette semaine à Yasmine Hammamet du 27 au 29 avril. Cette manifestation, la première que notre journal organise avec ses partenaires après la révolution du 14 Janvier, a pour ambition de tirer les enseignements de la première révolution dans la région et d’analyser les enjeux de la transition, qu’ils soient politiques, économiques ou sociaux à trois mois d’une échéance cruciale, l’élection de l’Assemblée constituante qui déterminera le projet de société que vont choisir les premiers représentants du peuple, élus démocratiquement depuis l’indépendance du pays. Nous avons toujours fait de nos forums un cadre de débat libre et démocratique pour la société civile tunisienne et maghrébine malgré les pressions. C’était également l’occasion de confronter nos expériences et nos politiques de développement avec nos partenaires maghrébins, arabes africains et bien sûr européens auxquels nous lient, à travers la Méditerranée, une histoire mais aussi un avenir et un devenir communs. La Tunisie ne peut répondre aux nombreux défis de développement, que la révolution vient de nous rappeler, qu’à travers un partenariat renforcé et réadapté à la nouvelle donne avec l’Europe. Pour le moment nous restons au stade des intentions et ce n’est pas la calamiteuse gestion des réfugiés Tunisiens en Europe qui soit l’exemple à retenir.

Ce n’est pas en bétonnant les frontières qu’on résoudra les problèmes de l’immigration clandestine. L’Europe vieillissante a besoin de l’énergie des Maghrébins pour son développement. Elle a besoin d’intégrer le Maghreb pour chercher la croissance qui lui manque. En un mot elle a besoin d’une autre vision qui engloberait  le Sud de la Méditerranée pour élargir son marché et faire contre-poids avec les autres grands ensembles régionaux et notamment l’asiatique. Plusieurs autres questions seront également traitées sous forme de panels ou dans le cadre de “work-shops” comme le futur de l’Union Pour la Méditerranée (UPM), le rôle des médias mais également de la société civile dans la transition démocratique, la convergence économique et l’intégration : l’exemple du tourisme. Nous espérons que la quatorzième édition du forum, par la qualité des participants et par le débat qui s’en suivra marquera une sorte d’apothéose. Cette rencontre contribuera aussi modestement que possible à une meilleure compréhension des enjeux et mettra en exergue le rôle de la société civile dans la réussite de la transition démocratique. Nous l’avons écrit précédemment, l’heure est grave. Malgré les efforts, la sécurité n’est pas encore rétablie. Les derniers évènements d’envahissement du stade de Bizerte lors d’une rencontre de foot-ball sans enjeux particuliers le prouvent. Les grèves et les protestations de toutes sortes continuent à travers toute la République hypothéquant toute annonce de reprise économique. La saison touristique est plus que compromise malgré les tentatives de l’Administration et des hôteliers de sauver un tant soit peu la saison. Tout se passe comme si il y a un profond mouvement de déstructuration de la société tunisienne. Face à “l’absence” d’Etat, de plus en plus de citoyens ne semblent s’intéresser qu’à leurs propres intérêts, s’éloignant de plus en plus des valeurs de dignité et de liberté qui ont symbolisé la première révolution du 21ème siècle.

Que peut le gouvernement face à cette situation qui, si elle se prolonge, risque de livrer le pays entier au chaos ? La classe politique ne semble pas pour le moment, suffisamment consciente de la gravité de la situation.  Elle est plutôt intéressée à faire campagne, en caressant dans le sens du poil tous les mécontents pour attirer leur sympathie. Plus grave certaines forces extrémistes instrumentalisent les frustrations à des fins inavouées. L’heure n’est plus aux calculs partisans mais plutôt à l’union de tous les démocrates pour rappeler à la raison tous les “égarés” en usant de patience et de pédagogie. Mais en même temps, appliquer la tolérance zéro à tous les criminels. La meilleure police du monde ne pourra à elle seule ramener la sécurité au pays si la société civile dans toutes ses composantes : le Syndicat (étrangement silencieux ces derniers temps), la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, l’Association des Femmes Démocrates etc… ne jouent leur rôle d’autorité morale pour le pays et investissent le terrain pour tenter de canaliser les mécontents et s’il le faut stigmatiser publiquement comme vient de le faire la LTDH au sujet de l’instrumentalisation de la religion par certains extrémistes. Il est souhaitable aussi que la Haute instance pour la sauvegarde de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique ne soit pas uniquement un organe d’oppositions au gouvernement mais ses membres doivent aussi  faire preuve d’un esprit constructif pour appeler les citoyens coupables d’actes répréhensibles, de se conformer aux lois en vigueur et de ne privilégier que l’intérêt du pays. Ce n’est qu’avec la mobilisation de l’ensemble des Tunisiens attachés au projet républicain et démocratique qu’on pourra sauver la révolution et le pays de toute dérive qui nous ramènerait à la dictature.

La Tunisie est un petit pays sans ressources mais elle regorge de citoyens instruits.

Ne gâchons pas cette opportunité

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Publié dans TUNISIE Spécial

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