| Une succession de mouvements populaires s'est abattue en quelques semaines sur des régimes autocratiques en Tunisie, en Egypte, au Yémen et en Jordanie -- tous des alliés de Washington. Au même moment, le Hezbollah, un groupe soutenu par l'Iran et la Syrie, faisait chuter le gouvernement libanais pro-occidental. Et dans le conflit israélo-palestinien, les Palestiniens ont décidé de se tourner vers l'ONU, tandis que le processus de paix parrainé par les Etats-Unis paraît s'effondrer. Des pays comme la Turquie, le Qatar et l'Arabie Saoudite remplissent le vide créé, accroissant leur rôle dans la diplomatie régionale, note aussi pour l'AFP l'analyste Shibley Telhami, de l'université du Maryland. "Il ne fait pas de doute que l'influence américaine a fortement diminué depuis deux décennies", dit Telhami, rappelant la "Pax Americana" et la domination américaine dans la région après 1991. Les Etats-Unis accusent désormais l'Iran de s'immiscer dans les affaires de l'Afghanistan et de l'Irak, mais aussi d'armer et de financer Hezbollah et Hamas. "L'influence de l'Iran en Irak est aussi forte que celle des Etats-Unis", estime l'experte Marina Ottaway, de la fondation Carnegie. Selon Mme Ottaway, l'ancien président américain George W. Bush a également commis une erreur en tentant sans succès de supprimer l'influence de la Syrie au Liban. "Cela a rendu la situation encore plus instable parce que les Syriens jouaient des coudes pour regagner leur influence", dit-elle. Aaron David Miller, un ancien négociateur de paix américain, est désormais chercheur au centre Woodrow Wilson. D'après lui, la vague récente d'événements dans le monde arabe "met en lumière la faiblesse américaine". Le président actuel "a créé des attentes, et l'idée, d'une certaine manière, que nous étions plus puissants que nous ne le sommes vraiment", dit-il. Or, après avoir "trébuché" dans le processus de paix israélo-palestinien, "en Tunisie et en Egypte, nous avons à l'évidence du mal à définir quel est le rôle le plus efficace possible pour les Etats-Unis face à ces changements." ------------------------------- Inquiétudes en Israël Le Temps-Agences - Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a invité les membres de son gouvernement à ne pas faire de commentaires sur la situation en Egypte. Mais Israël s'inquiète d'éventuelles répercussions des troubles sur les relations avec un de ses rares partenaires dans le monde arabe, selon des diplomates israéliens. "Il y a une grande inquiétude concernant ce qui se passe en Egypte. Nous surveillons de très près les événements et les analysons au fur et à mesure", explique un de ces hauts responsables. Les dirigeants israéliens, ajoutent-ils, ne pensent pas que le président égyptien Hosni Moubarak puisse être renversé par la révolte populaire, comme le Tunisien Ben Ali. Mais Israël, redoute une nouvelle donne politique dans laquelle les Frères musulmans auraient plus de poids, ainsi que d'une extension des troubles à Gaza, en Cisjordanie et en Jordanie. L'Egypte a été le premier Etat arabe à signer un traité de paix avec Israël, en 1979, avant la Jordanie (1994), précisent-ils "Il est bien qu'Israël garde le silence, mais il n'y a pas de doutes, ce qui se passe en Egypte n'est pas bon pour les intérêts israéliens", a estimé Eli Shaked, ancien ambassadeur israélien en Egypte. "C'est seulement une question de temps avant qu'un leader émerge de la révolution, et il viendra des Frères musulmans. Ils seront de ceux qui tireront profit de la situation", a-t-il ajouté, interrogé par la chaîne de télévision israélienne Channel 10. ------------------------------- Paris invite ses ressortissants à la prudence Le Temps-Agences - La France a lancé des messages de prudence aux dizaines de milliers de ses ressortissants, dont 10.000 résidents, actuellement présents en Egypte, théâtre d'importantes manifestations contre le pouvoir en place. Dans un message actualisé publié vendredi soir sur son site Internet, le Quai d'Orsay appelle les Français d'Egypte à "limiter" leurs déplacements "à ceux qui sont strictement nécessaires" en Egypte. "Des manifestations d'une ampleur exceptionnelle se déroulent actuellement en Égypte, en particulier au Caire. Il est recommandé de limiter ses déplacements à ceux qui sont strictement nécessaires et de se tenir éloigné des attroupements", peut-on lire. Dans un communiqué publié hier, le ministère français répertorie 9.376 résidents en Egypte, dont 5.947 au Caire. Il évalue en outre à "plusieurs dizaines de milliers le nombre des touristes français actuellement en Égypte", pays des pharaons visité chaque année par quelque 600.000 Français. Un centre de crise a été mis en place au ministère à Paris, de même qu'une cellule d'urgence à l'ambassade de France au Caire. Une permanence téléphonique joignable au 00.202.35.67.33.44 a traité des centaines d'appels, selon le Quai d'Orsay. L'ambassadeur de France doit réunir ce matin la communauté française au lycée français de Maadi, au Caire. Les consulats de Charm el-Cheikh, Hourghada et Louxor sont aussi mobilisés, assurent les services du ministère dirigé par Michèle Alliot-Marie. Le secrétaire d'Etat au Tourisme, Frédéric Lefebvre, a recommandé vendredi soir aux tour-opérateurs de suspendre les départs de vacanciers prévus hier pour l'Egypte. Air France a annoncé avoir modifié son programme de vol vers ce pays pour s'adapter aux heures du couvre-feu. ------------------------------- Le président du Conseil européen appelle à la concrétisations des mesures d’ouverture Le Temps-Agences - Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a appelé hier à l'arrêt des violences en Egypte, demandant la libération de tous les prisonniers politiques et souhaitant que les mesures d'ouverture promises par le président Hosni Moubarak se traduisent par des "actions concrètes". Dans un communiqué, Herman Van Rompuy s'est dit "profondément troublé par la spirale de la violence conduisant à une situation qui rend le dialogue encore plus difficile". "Le respect des droits humains fondamentaux, comme la liberté d'expression, le droit de communiqué, et la liberté de libre réunion, ainsi que l'intégration sociale sont des éléments constitutifs de la démocratie à laquelle aspire le peuple égyptien, et en particulier les jeunes". "L'histoire a montré que le dialogue peut aussi conduire au changement si un environnement favorable est construit, sans l'usage de la force ou d'une répression militaire", souligne-t-il. "J'appelle donc à l'arrêt des violences pour mettre fin à l'effusion de sang, à la libération de tous ceux qui ont été arrêtés ou assignés à résidence pour des raisons politiques, dont les personnalités politiques, et au lancement du processus de réformes nécessaire". Le président du Conseil européen "espère sincèrement que les promesses d'ouverture du président Moubarak se traduiront par des actions concrètes |