Un devoir national : Protéger la mémoire de Bourguiba
Un devoir national : Protéger la mémoire de Bourguiba !
Par Khaled GUEZMIR - Bourguiba le père de la nation et fondateur de la 1ère République Tunisienne n’aura pas connu que les prisons du protectorat français en Tunisie et en Europe ! Il a été « interné » après le maudit coup d’Etat du 7 novembre 1987 dans les « résidences » du silence et de la honte après avoir été agressé physiquement et réduit à vivre dans une prison de fait ! Le père de la nation a été mis sous contrôle strict et même ses proches ne pouvaient pas le voir à leur aise et encore moins ses fidèles adeptes et ses amis !
J’ai en mémoire le « cri » de feu Madame Marie-Claire Mendes France l’épouse du grand ami de Bourguiba et de la Tunisie à l’adresse du dictateur Ben Ali et qui a été repris par la Presse française de l’époque : « Libérez Bourguiba » ! Depuis l’ancien régime a tout fait pour occulter l’œuvre grandiose d’un leader charismatique exceptionnel, et à souiller sa mémoire à travers des reportages mesquins et des images de sa vieillesse projetées souvent sur les écrans de la Télévision « nationale » ex : TV7. Aujourd’hui, Bourguiba refait surface tel un sphynx sans aucune ride ! Durant les 20 ans de son « exil » forcé, des dizaines de doctorats d’Etat, en Amérique, au Canada, en France et ailleurs, un peu partout dans le monde, ont été consacrées à son parcours et à son génie, à sa culture historique et politique immense, et surtout à ses victoires sociales majeures : la libération de la femme, la réforme administrative, la tolérance religieuse, l’éducation nationale, le planning familial etc… ! Sans Bourguiba on aurait été aujourd’hui plus de 20 millions d’habitants… ! Vous imaginez les problèmes à affronter alors qu’avec 10 millions on arrive à peine à satisfaire les jeunes qui veulent vivre dignement ! Une personnalité qu’on peut aimer ou ne pas aimer, M. Mohamed Sayah ancien ministre de Bourguiba, avait donné quelques jours après le « coup médical » de Ben Ali, une belle description du nouveau pouvoir : «C’est un hold up ». Un peu plus tard l’un de mes camarades de promotion de Sadiki, le Docteur Moncef Marzouki a fait encore mieux pour qualifier le nouveau totalitarisme politique de Ben Ali : « C’est un système d’occupation interne ». Quelles belles images de vérité! Les deux concepts, de ces deux personnalités tunisiennes, pourtant bien différentes au niveau des choix politiques et des générations, résument parfaitement la dictature corrompue de Ben Ali, qui est aux antipodes de l’œuvre du grand Bourguiba ! Je l’ai dit et je le répète sans concessions, Bourguiba a commis certaines erreurs quand il n’a pas osé passer la main du temps de M. Ahmed Mestiri et feu Hédi Nouira, dans les années 70. Il est vrai aussi que sa « présidence à vie » n’a pas été heureuse et qu’il aurait dû bâtir les institutions pour une démocratie d’alternance avec la séparation effective des pouvoirs et des organes de contrôle fonctionnels et autonomes. S’il l’avait fait dans ces époques de despotisme total arabe et musulman post-colonial, Bourguiba aurait été presque parfait… ! Or la perfection appartient à Dieu et à Dieu seul ! En tout cas l’Histoire jugera mais en vérité Bourguiba a fait un parcours plus qu’honorable et son intégrité matérielle et morale est une leçon d’abnégation et d’amour pour la Tunisie et son peuple. Quand on voit la fortune colossale accumulée par le dictateur, et son épouse, et comment ils se sont appropriés l’Etat, l’économie et les finances de ce pays, on ne peut qu’être admiratif de la leçon magistrale de Bourguiba à tous les dirigeants actuels et futurs de la Tunisie ! Ceci implique une grande responsabilité, pour nous tous, pour la société civile et surtout les pouvoirs publics. Non seulement il faut protéger le nom et la mémoire de Bourguiba, mais aussi faire en sorte qu’elle ne soit pas exploitée par des arrivistes et autres prédateurs politiques, voraces et indécents qui ont mangé à tous les râteliers et qui ont « servi » bien servilement le dictateur et sa mafia sans aucun état d’âme ! Aujourd’hui, ceux qui veulent se réclamer de l’héritage politique et moral de Bourguiba et de son nom doivent au moins se prévaloir d’une qualité essentielle du « Leader » : l’intégrité matérielle et le courage à dénoncer la tyrannie ! Ceux qui ont été coupables de « lâcheté » évidente avec le dictateur Ben Ali, en défendant son système sur les écrans des Télévisions mondiales ne sont pas de ceux là ! L’attitude d’un certain ambassadeur du dictateur Ben Ali qui démissionne de son poste au soir du 14 janvier 2011 ressemble beaucoup à celle du poète arabe Hassen Ibn Thabet qui n’a jamais été guerrier : « wa fil hayjaï ma jarabtou nefçi… laken fil hazimati kal ghazali », (Je ne me suis jamais investi dans une bataille… mais dans la défaite je suis le premier fuyard… comme la gazelle !). Bourguiba n’a jamais fui une bataille de sa vie et ce n’est pas un opportuniste indécent qui peut porter son message ! Le Bourguibisme est un patrimoine historique et civilisationnel de tous les Tunisiens. Il faut le protéger des nouveaux mercenaires ! K.G
Post scriptum : Suite à notre chronique précédente « une pensée émue pour Bourguiba » Le conseil municipal de la Goulette a éclairé la statue de Bourguiba qui a été dans le noir pendant 23 ans par 2 projecteurs ! Une occasion de les remercier de tout cœur en reprenant le fameux dicton arabe : « Al Hamdou lellah allathi abdala derhamana bi dinar » (merci à dieu d’avoir changé notre centime par un dinar) ! |