Sur le retour de la question politico- :deuxième partie

Publié le par Mahi Ahmed

 

 

 

 

A propos de la dictature du prolétariat

 

La question du gouvernement ouvrier nous a ramenés inévitablement à celle de la dictature du prolétariat. Un précédent congrès de la Ligue [la LCR française] a décidé à une majorité de plus des deux tiers d’en supprimer la référence dans le texte des statuts. C’était raisonnable. Aujourd’hui, le terme de dictature évoque bien davantage les dictatures militaires ou bureaucratiques du vingtième siècle que la vénérable institution romaine du pouvoir d’exception dûment mandaté par le Sénat et limité dans le temps. Puisque Marx a vu dans la Commune de Paris « la forme enfin trouvée » de cette dictature du prolétariat, mieux vaut donc pour être compris évoquer la Commune, les Soviets, les conseils ou l’autogestion, que de s’accrocher à un mot fétiche devenu par l’histoire source de confusion.

 

On n’en n’est pas quittes pour autant de la question posée par la formule de Marx et avec l’importance qu’il lui donnait dans sa célèbre lettre à Kugelmann. Généralement, on a tendance à investir dans « la dictature du prolétariat » l’image d’un régime autoritaire et à y voir un synonyme des dictatures bureaucratiques. Pour Marx, il s’agissait au contraire de la solution démocratique d’un vieux problème, de l’exercice pour la première fois majoritaire (par le prolétariat) du pouvoir d’exception réservé jusqu’alors à une élite vertueuse (comité de salut public - encore que le comité en question soit resté une émanation de la Convention révocable par elle) ou un « triumvirat » d’hommes exemplaires. [17] Ajoutons que le terme de dictature s’opposait alors souvent à celui de tyrannie en tant qu’expression de l’arbitraire. Mais la notion de dictature du prolétariat avait aussi une portée stratégique, souvent rappelée dans le débat des années soixante-dix à l’occasion de son abandon par la plupart des partis (euros)communistes. En effet, il était clair pour Marx que le droit nouveau, exprimant un nouveau rapport social, ne saurait naître dans la continuité du droit ancien : entre deux légitimités sociales, « entre deux droits égaux, c’est la force qui tranche ». La révolution implique donc un passage obligé par l’état d’exception. Lecteur attentif de la polémique entre Lénine et Kautsky, Carl Schmitt en a parfaitement saisi l’enjeu en distinguant la « dictature commissaire », dont la fonction en situation de crise est de préserver un ordre établi, et la « dictature souveraine » qui institue un ordre nouveau par l’exercice du pouvoir constituant. [18] Si, quel que soit le nom qu’on lui donne, cette perspective stratégique demeure, il en découle nécessairement une série de conséquences sur l’organisation des pouvoirs, sur le droit, sur la fonction des partis, etc.

 

Actualité et inactualité d’une démarche stratégique

 

La notion d’actualité a une double acception : un sens large (« l’époque des guerres et des révolutions »), et un sens immédiat ou conjoncturel. Dans la situation défensive où le mouvement social se trouve rejeté depuis plus de vingt ans en Europe, personne ne prétendra que la révolution soit d’actualité en ce sens immédiat. En revanche il serait hasardeux, et non sans conséquences, de l’effacer de l’horizon de l’époque. Si c’est cette distinction qu’entend opérer Francis (Sitel) dans sa contribution, préférant, pour éviter « une vision hallucinée des rapports de forces actuels », à «  perspective actuelle », une « perspective en acte... qui instruit les combats présents aux débouchés nécessaires de ces mêmes combats », il n’y a pas là matière à litige. Plus discutable est l’idée selon laquelle nous pourrions maintenir l’objectif de conquête du pouvoir « comme condition de la radicalité mais en admettant que son actualisation est aujourd’hui au-dessus de notre ligne d’horizon ». Il précise que la question gouvernementale - vue d’au-dessous de notre ligne d’horizon ? - n’est pas liée à la question du pouvoir, mais à « une exigence plus modeste » consistant à « se protéger » de l’offensive libérale.

 

Le questionnement sur les conditions de participation gouvernementale n’entre pas alors « par le porche monumental de la réflexion stratégique », mais « par la porte étroite des partis larges ». On peut craindre que ce ne soit plus le programme nécessaire (ou la stratégie) qui commande alors la construction du parti, mais l’amplitude d’un parti algébriquement large qui détermine et limite le meilleur des mondes et des programmes possibles. Il s’agirait alors de dédramatiser la question gouvernementale en tant que question stratégique pour l’envisager comme un simple « problème d’orientation » (c’est, dans une certaine mesure, ce que nous avons fait dans le cas brésilien). Mais, à moins de tomber dans la classique dissociation du programme minimum et du programme maximum, un « problème d’orientation » n’est pas déconnecté de la perspective stratégique. Et, si « large » est forcément plus généreux et plus ouvert qu’étroit et fermé, il y a, en matière de partis, large et large : les largeurs du PT brésilien, du Linkspartei, de l’ODP, du Bloc des gauches, de Refondation communiste, etc, ne sont pas de même nature.

 

« Les plus savants développements en matière de stratégie révolutionnaire apparaissent bien éthérés, conclut Francis, en regard de la question : comment agir ici et maintenant. » Certes, mais cette maxime pragmatique de bon aloi aurait pu être prononcée en 1905, en février 1917, en mai 1936, en février 1968, réduisant ainsi le sens du possible au sens prosaïque du réel.

 

Le diagnostic de Francis et son ajustement programmatique au niveau ou au-dessous de la ligne d’horizon n’est pas sans implications pratiques. Dès lors que notre perspective ne se limite pas à la prise du pouvoir, mais s’inscrit dans un plus long processus de « subversion des pouvoirs », il faudrait reconnaître que « le parti traditionnel [traditionnel désigne-t-il ici les partis communistes ou plus généralement les partis sociaux-démocrates axés eux aussi sur la conquête du pouvoir gouvernemental par les voies parlementaires ?] concentré sur la conquête du pouvoir est amené à se conformer à ce même Etat », et, par conséquent, à transmettre en son sein des mécanismes de domination qui minent la dynamique même de l’émancipation ». Une dialectique nouvelle serait donc à inventer entre le politique et le social. Certainement, et nous nous y employons pratiquement et théoriquement en rejetant aussi bien « l’illusion politique » que « l’illusion sociale » ou en tirant des conclusions principielles des expériences négatives passées (sur l’indépendance des organisations sociales envers l’Etat et les partis, sur le pluralisme politique, sur la démocratie au sein des partis...).

 

Mais le problème ne réside pas tant dans la transmission par un parti « conformé à l’Etat » de ses mécanismes de domination, que dans le phénomène plus profond et mieux partagé de bureaucratisation (enraciné dans la division du travail) inhérent aux sociétés modernes : il affecte l’ensemble des organisations syndicales ou associatives. En fait, la démocratie de parti (par opposition à la démocratie médiatique et plébiscitaire dite « d’opinion ») serait plutôt, sinon un remède absolu, du moins une des antidotes à la professionnalisation du pouvoir et à la « démocratie de marché ». C’est ce qu’on oublie trop souvent en ne voyant dans le centralisme démocratique que le faux nez d’un centralisme bureaucratique, alors qu’une certaine centralisation est la condition même de la démocratie et non sa négation.

 

La conformité soulignée du parti à l’Etat fait écho à l’isomorphisme relevé (par Boltansky et Chiapello dans Le Nouvel esprit du capitalisme) entre la structure du Capital lui-même et les structures subalternes du mouvement ouvrier. Cette question de la subalternité est cruciale, et on ne lui échappe ni ne la résout facilement : la lutte pour le salaire et le droit à l’emploi (parfois nommé « droit au travail ») est bien sûr une lutte subalterne (isomorphe) au rapport capital/travail. Il y a derrière cela tout le problème de l’aliénation, du fétichisme, de la réification. [19] Mais croire que les formes « fluides », l’organisation en réseau, la logique des affinités (opposée aux logiques de l’hégémonie) échappent à cette subalternité et à la reproduction des rapports de domination relève de l’illusion grossière. Ces formes sont parfaitement isomorphes à l’organisation moderne du capital informatisé, à la flexibilité du travail, à « la société liquide », etc. Cela ne signifie pas que les formes anciennes de subordination étaient meilleures ou préférables que ces formes émergentes, mais seulement qu’on n’est pas sorti par la voie royale du réseau du cercle vicieux de l’exploitation et de la domination.

 

Du « parti large »

 

Francis (Sitel) redoute que les notions « d’éclipse » ou de « retour » de la raison stratégique » ne signifient la simple fermeture d’une simple parenthèse et un retour à l’identique ou à la reprise de la question dans les termes où elle fut posée par la troisième internationale. Il insiste sur le besoin de « redéfinitions fondamentales », d’une réinvention, d’une « nouvelle construction » dont a besoin le mouvement ouvrier. Bien sûr. Mais, pas de table rase : « On recommence toujours par le milieu » ! La rhétorique de la nouveauté ne garantit pas des rechutes dans l’ancien le plus ancien, et le plus éculé. S’il en est aussi d’authentiques (en matière d’écologie, de féminisme, de guerre et de droit...), bien des « nouveautés » dont l’époque se repaît, ne sont que des effets de modes (qui comme toute mode se nourrissent des citations de l’ancien), et des recyclages de vieux thèmes utopistes du dix-neuvième siècle et du mouvement ouvrier naissant. Les questions sont nombreuses, mais à la mesure de nos moyens, nous essayons -par le biais du Manifeste entre autres - d’y apporter quelques éléments de réponse à certaines d’entre elles, et nous aimerions bien que nos partenaires s’en saisissent.

 

Ayant - à juste titre - rappelé que réformes et révolution forment dans notre tradition un couple dialectique, et non une opposition de termes mutuellement exclusifs ( bien que les réformes puissent selon les situations transcroître en processus révolutionnaire ou au contraire s’y opposer), Francis hasarde la prédiction selon laquelle un « parti large se définira comme un parti de réformes ». Peut-être. Possiblement. Mais c’est une idée bien spéculative et normative par anticipation. Et ce n’est surtout pas notre problème. Nous n’avons pas à mettre la charrue avant les bœufs et à inventer entre nous le programme minimum (de réformes) pour un « parti large » hypothétique. Nous avons à définir notre projet et notre programme. C’est à partir de là que nous pourrons, face à des situations concrètes et à des partenaires concrets, évaluer les compromis possibles, quitte à accepter perdre (un peu) en clarté si nous gagnons (beaucoup) en surface sociale, en expérience, et en dynamique. Ceci n’est pas nouveau : nous avons participé à la formation du PT (pour le construire et non dans une optique tactique entriste) en continuant à y défendre nos positions ; nos camarades militent comme courant dans Refondation ; ils sont partie prenante du Bloc des gauches au Portugal, etc. Mais toutes ces configurations sont singulières et ne sauraient être réunies dans la catégories fourre-tout du « parti large ».

 

La donnée structurelle de la situation ouvre incontestablement un espace à la gauche des grandes formations traditionnelles (social-démocrates, staliniennes, populistes) du mouvement ouvrier. Les raisons en sont multiples. La contre-réforme libérale, la privatisation de l’espace public, le démantèlement de « l’Etat social », la société de marché, ont scié (avec son propre concoursactif), la branche sur laquelle reposait la social-démocratie (ainsi que la gestion populiste dans certaines pays latino-américains). Les Partis communistes ont en outre subi le contre-coup de l’implosion soviétique en même temps que l’érosion de leurs bases sociales ouvrières conquises dans les années trente ou à la Libération, sans que de nouvelles implantations prennent véritablement la relève. Il existe donc bel et bien ce qu’on appelle souvent « un espace » de radicalité qui s’exprime diversement par l’émergence de nouveaux mouvements sociaux et d’expressions électorales (Linkspartei en Allemagne, Reifondazione en Italie, Respect en Grande-Bretagne, SSP en Ecosse, Bloc au Portugal, coalition rouge-verte au Danemark, extrême gauche en France ou en Grèce...). C’est ce qui fonde l’actualité des recompositions et des regroupements.

 

Mais cet « espace » n’est pas un espace homogène et vide (newtonien) qu’il suffirait d’occuper. C’est un champ de forces éminemment instable, comme en témoigne spectaculairement la conversion en moins de trois ans de Rifondazione, passant du mouvementisme lyrique, au moment de Gênes et Florence [20], à la coalition gouvernementale de Romano Prodi. Cette instabilité vient de ce que les mobilisations sociales subissent plus de défaites qu’elles ne remportent de victoires, et de ce que leur lien avec transformation du paysage de la représentation politique reste très distendu. En l’absence de victoires sociales significatives, l’espoir du « moindre mal » (« tout sauf Berlusconi - ou Sarkozy, ou Le Pen ! », à défaut de changement réel, se reporte sur le terrain électoral où le poids des logiques institutionnelles reste déterminant (en France, celle du présidentialisme plébiscitaire et d’un système électoral particulièrement anti-démocratique). C’est pourquoi la symétrie du juste milieu (à la mode sous Philippe le Bel déjà : gardez vous à droite, gardez vous à gauche !) entre un danger opportuniste et un danger conservateur est un trompe-l’œil : ils ne pèsent pas du même poids. S’il faut savoir oser prendre des décisions risquées (l’exemple le plus extrême étant la décision insurrectionnelle d’Octobre), le risque, pour ne pas devenir pure et simple aventure, doit être mesuré et ses chances évaluées. Nous sommes embarqués, il faut parier, disait un grand dialecticien. Mais les turfistes savent bien qu’un pari à 2 contre 1 est un jeu de gagne-petit, et qu’un pari à 1000 contre 1, s’il peut rapporter gros, est un coup désespéré. La marge est entre les deux. L’audace aussi a ses raisons.

 

L’évolution de droite à gauche de courants comme ceux exprimés par Rifondazione ou le Linkspartei reste fragile (voire réversible) en raison même des effets limités des luttes sociales sur le champ de la représentation politique. Elle dépend pour partie de la présence et du poids en leur sein d’organisations ou de tendances révolutionnaires. Au-delà de données communes très générales, les situations sont donc fort différentes selon l’histoire spécifique du mouvement ouvrier (selon entre autres que la social-démocratie y est totalement hégémonique ou que subsistent des Partis communistes importants) et les rapports de forces au sein de la gauche : on ne fait pas bouger des appareils déterminés non seulement par l’idéologie mais par aussi par des logiques sociales, en soufflant à l’oreille de ses dirigeants, mais en modifiant les rapports de forces réels.

 

La perspective d’une « nouvelle force » reste une formule algébrique d’actualité (elle l’était pour nous avant 1989-91, et elle l’est d’autant plus après). Sa traduction pratique ne se déduit pas mécaniquement de formules aussi vagues et générale’s que le Parti large ou les regroupements. Nous sommes seulement au début d’un processus de recomposition. Il importe de laborder avec une boussole programmatique et une visée stratégique. C’est une des conditions qui nous permettra de trouver des médiations organisationnelles nécessaires, de prendre des risques calculés, sans se jeter à corps perdu dans l’aventure impatiente et sans se dissoudre dans la première combinaison éphémère venue. Les formules organisationnelles sont en effet très variables, selon qu’il s’agit d’un nouveau parti de masse (comme le PT au Brésil dans les années 80, mais ce cas de figure est peu vraisemblable en Europe), de ruptures minoritaires issues d’une social-démocratie hégémonique, ou encore de partis que nous aurions jadis probablement qualifiés de centristes (Rifondazione au début des années 2000) ou d’un front de courants révolutionnaires (comme au Portugal). Cette dernière hypothèse reste d’ailleurs l la plus probable pour des pays comme la France où les organisations (PC, extrême gauche) ont une longue tradition et où, à moins d’un puissant mouvement social (et encore !), on imagine mal leur pure et simple fusion à court ou moyen terme. Mais, dans tous les cas, la référence à un bagage programmatique commun, loin d’être un obstacle identitaire à des recompositions futures, en est au contraire la condition. Elle permet de hiérarchiser les questions stratégiques et les questions tactiques (au lieu de se déchirer sur telle ou telle échéance électorale), de distinguer le socle politique sur lequel se rassemble une organisation des questions théoriques ouvertes, de mesurer les compromis qui font aller de l’avant et ceux qui tirent en arrière, de moduler les formes d’existence organisationnelle (tendance dans un parti commun, composante d’un front, etc) selon les partenaires et leur dynamique fluctuante (de droite à gauche ou de gauche à droite).

 

Signalons seulement pour mémoire que des questions brûlantes en rapport à cette discussion ne sont pas abordées, mais devront l’être dans des réunions ultérieures. Nous avons prévu que la prochaine rencontre annuelle du Projet K (en 2007) devrait traiter, au-delà du débat sur « classes, plèbes, multitudes », des forces sociales du changement révolutionnaire, de leurs formes d’organisation, de leurs convergences stratégiques. Cette question a aussi un rapport, au-delà de la formule générale du front unique, avec la question des alliances, donc avec l’évaluation de la sociologie et des transformations des partis traditionnellement qualifiés « d’ouvriers », ainsi que de l’analyse des courants issus, en Amérique latine par exemple, des formations populistes.

 

Notes

1. C’est ce que soulignait, au lendemain de la victoire du Non au référendum constitutionnel français, l’article de Stathis (Kouvélakis) sur « le retour de la question politique ». Voir Contretemps n°14, septembre 2005.

2. Alex Callinicos, An anti-capitalist Manifesto, Polity Press, Cambridge, 2003.

3. Je n’irai pas plus loin sur cet aspect de la question. Il s’agit d’un simple rappel (voir à ce propos les thèses proposées au débat organisé par Das Argument).

4. Dans la réunion de travail du Projet K

5. qui, dans son article de Critique communiste 179 semble nous attribuer une « vision étapiste du changement social » et « une temporalité de l’action politique centrée exclusivement sur la préparation de la révolution comme instant décisif » (à laquelle il oppose « un temps historique altermondialiste et zapatiste » ? ? ! !). Quant à John Holloway, voir la critique circonstanciée de sa démarche dans Un Monde à changer (Daniel Bensaïd, Paris, Textuel 2003), dans Planète altermondialiste [collectif, Textuel, 2006], et dans les articles de Contretemps.

6. Voir le petit livre de Perry Anderson sur Les antinomies de Gramsci.

7. Voir à ce propos le livre de Giacomo Marramao, Il politico e il transformazioni, ainsi que la brochure Stratégies et partis (La Brèche).

8. Voir aussi le Journal de Révolution cubaine de Carlos Franqui.

9. « La stratégie de la victoire », interview à Martha Harnecker. Interrogé sur la date de l’appel à l’insurrection, Ortega répond : « Parce qu’il se présentait toute une série de conditions objectives toujours plus favorables : la crise économique, la dévaluation monétaire, la crise politique. Et parce qu’après les événements de septembre nous avons compris qu’il était nécessaire de conjuguer en même temps et dans un même espace stratégique le soulèvement des masses au niveau national, l’offensive des forces militaires du front et la grève nationale dans laquelle était engagé ou qu’appruvait de fait le patronat. Si nous n’avions pas conjugué ces trois facteurs stratégiques en un même temps et en un même espace stratégique, la victoire n’aurait pas été possible. On avait appelé plusieurs fois à la grève nationale, mais sans la conjuguer avec l’offensive des masses. Les masses s’étaient déjà soulevées, mais sans que cela soit conjugué avec la grève et alors que la capacité militaire de l’avant-garde était trop faible. Et l’avant-garde avait déjà porté des coups à l’ennemi mais sans que les deux autres facteurs soient présents ».

10. Voir Dissidences, Révolution, Lutte armée et Terrorisme, volume 1, L’Harmattan 2006).

11. C’est notamment le thème de textes récents de Balibar.

12. Le débat sur la non-violence dans la revue théorique (Alternative) de Rifondazione comunista n’est certainement pas sans rapport avec son cours actuel.

13. De Mandel notamment, dans ses polémiques contre les thèses eurocommunistes. Voir son livre dans la petite collection Maspero et surtout son interview à Critique communiste.

14. L’expérience du budget participatif à l’échelle de l’Etat du Rio Grande do Sul offre bien des exemples concrets à ce propos : d’attribution de crédits, de hiérarchie de priorités, de répartition territoriale d’équipements collectifs, etc.

15. Même si cette notion de front unique, ou a fortiori celle de front unique anti-impérialiste remise au goût du jour par certains révolutionnaires en Amérique latine mérite d’être rediscutée à la lumière de l’évolution des formations sociales, du rôle et de la composition des partis politiques, etc.

16. Ce qui était ici en jeu, autant que l’orientation eu Brésil, c’était une conception de l’Internationale et de son rapport avec les sections nationales. Mais c’est une question qui déborde le cadre de ce texte.

17. Voir Alessandro Galante Garrone, Philippe Buonarotti et les révolutionnaires du XIXe siècle, Paris, Champ Libre.

18. Voir Carl Schmitt, La Dictature, PUF.

19. Sur le fétichisme, voir Jean-Marie Vincent, Antoine Artous...

20. Voir le livre de Fausto Bertinotti (en 2001 !) : Ces idées qui ne meurent jamais (Paris, Le temps des cerises), et la présentation critique de ses thèses (parues lors du FSE de Florence) dans Un monde à changer (Daniel Bensaïd, Paris, Textuel 2003).

 

 

 

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