Partis et peuple : chaîne brisée ?

Publié le par Mahi Ahmed

Partis et peuple : chaîne brisée ?

Mounir Jomni - D’aucuns admettent que la Révolution du 14 janvier a été celle du peuple. Elle n’avait pas de leader autre qu’une jeunesse, certes pas organisée mais unie spontanément autour des idéaux de liberté et de dignité. Mais plus de trois mois après, on est revenu « sur terre ». L’après-Révolution est, aujourd’hui, dominé par les partis politiques.

 

 

Bien que la plupart d’entre eux, aient pris le train de la Révolution en marche, ils s’y revendiquent tous et « y adhérent » realpolitik oblige.

Si cela demeure irréprochable du côté des règles du jeu politique, cette adhésion est quelque part équivoque. Un simple passage en revue des apparitions médiatiques et des interviews des leaders des partis dominants, leurs meetings populaires et autres indices, confirment la primauté chez ces partis des programmes et des lignes idéologiques préétablis depuis des années, voire des décennies.

C’est une équation difficile à réaliser entre idéaux populaires se manifestant par une vague de protestations et revendications sociales et salariales, encore vives, et des lignes idéologiques propres à ces partis. C’est pour cela qu’on remarque, d’une part, une certaine méfiance chez les Tunisiens vis-à-vis de ces formations et d’autre part, une difficulté d’adaptation de ces dernières. Il y a une sorte de chaîne brisée entre le peuple et ceux qui veulent être son porte-flambeau. Ceci est valable pour les partis, pour la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution. Quant au gouvernement provisoire, il est vu surtout comme celui qui doit régler et tout de suite, le lourd passif économique et social des 23 ans de l’ex-régime.

Il est indispensable, aujourd’hui, que les partis politiques s’attèlent à présenter des projets économiques et sociaux réalisables et en symbiose avec les exigences de cette période. Quant à ceux qui n’en ont pas et qui sont en train de surfer sur des questions « périphériques », ils seront « démasqués » tôt ou tard, car les Tunisiens sont capables de « faire le tri ». Les divergences politiques et idéologiques « peuvent attendre » car le rendez-vous du 24 juillet n’est qu’une étape intermédiaire en attendant le vrai test des élections qui seront décidées ultérieurement par l’Assemblée constituante.

Les ambitions politiques sont naturellement légitimes mais « mettre entre parenthèse » ses visées partisanes et autres objectifs de notoriété personnelle est une obligation éthique surtout en cette période, au demeurant instable parce que régie par un consensus fragile.

Mounir JOMNI

http://www.pressetunisie.net/letemps3.php

Publié dans TUNISIE Spécial

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