L’échec d’Obama au Moyen-Orient

Publié le par Mahi Ahmed

L’échec d’Obama au Moyen-Orient

Robert Dreyfuss (The Nation)

 

publié le samedi 7 novembre 2009.

 

6 novembre 2009

L’annonce faite par le président palestinien Mahmoud Abbas de ne pas solliciter sa réélection marque le point d’orgue de l’effondrement total de la politique Moyen-Orientale de l’administration Obama. Après avoir levé de grands espoirs - la nomination de George Mitchell, la déclaration d’Obama au Caire affirmant que le sort des Palestiniens est intolérable - elle est maintenant en pleine déroute. C’est sans doute la première grande défaite des espoirs de changement en politique étrangère qu’avait fait naître Obama.

Cela s’est déroulé en plusieurs temps. Tout d’abord, Obama a engagé une épreuve de force avec Israël sur sa politique de colonisation illégale, qui étend l’occupation de la Cisjordanie et est impulsée par des colons extrémistes de droite qui sont de fanatiques lecteurs de la Bible, croyant que les israéliens ont un droit divin sur ce territoire. Ces colons sont soutenus par les faucons ultra de l’appareil militaire et de sécurité israélien, qui voient dans la Cisjordanie une profondeur stratégique pour la défense d’Israël. Qu’est-il arrivé après qu’Obama, ait demandé aux israéliens de cesser la colonisation ? Rien. Score : Netanyahu 1, Obama 0.

L’administration Obama a ensuite capitulé, refusant d’envisager des sanctions face au défi et à l’intransigeance d’Israël. Pas même un soupçon de quelque mesure de représailles des États-Unis pour imposer ce qu’ils avaient décrit comme le chemin menant vers un accord de paix. Pas question de réduire l’aide américaine à Israël, ou de réduire la coopération militaire américano-israélienne, ni quoi que ce soit d’autre. Score : Netanyahu 2, Obama 0.

Tandis que se déroulaient ces évènements, Obama a laissé entendre qu’il pourrait annoncer cet automne une forme de plan global des États-Unis pour le Moyen-Orient. Tout le monde sait à quoi ressemble une solution : le retrait d’Israël de la Cisjordanie, le démantèlement des colonies de peuplement, la fin de l’embargo de Gaza, la division de Jérusalem, certains échange de territoires pour tenir compte de légers changements dans les frontières (en particulier autour de la capitale), et une formule pour tenir compte du droit au retour des Palestiniens, impliquant une compensation financière, ainsi que des accords de sécurité. Quelques mois plus tard, Obama a refusé de faire la moindre allusion à son propre plan pour la région, cédant aux exigences d’Israël qui voulait que tout cela ne soit abordé que durant les « négociations ». Score : Netanyahu 3, Obama 0.

Enfin, les États-Unis ont lâchement soutenu Israël sur le rapport Goldstone sur Gaza, qui accuse Israël (et le Hamas) de crimes de guerre pendant le conflit de décembre-janvier. Score : Netanyahu 4, Obama 0.

La Secrétaire d’État Clinton a mis la cerise finale sur ce gâteau avarié, louant Netanyahou, un extrémiste, d’extrême-droite ultranationaliste, pour sa décision d’étendre, et non d’arrêter, la colonisation. Cette gaffe de Clinton, qui a choqué et surpris les dirigeants palestiniens et arabes, a offert à Netanyahou et Co leur ultime victoire. Score final : Netanyahu 5, Obama 0.

Selon le New York Times d’aujourd’hui :

« La visite de Mme Clinton, qu’elle a décrit comme un succès, a semé la colère et la confusion parmi les Palestiniens et les autres Arabes après qu’elle ait salué comme "sans précédent" l’offre faite par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de ralentir, mais pas d’arrêter, la construction des colonies juives en Cisjordanie. »

Nabil Shaath, un vétéran du Fatah qui est l’un des Palestiniens les plus expérimentés, rompu à l’art des négociations, a déclaré au sujet de l’effondrement de la politique d’Obama : « Il y avait de grands espoirs lorsqu’il est entré en scène. Aujourd’hui, on assiste à une retraite totale, qui a détruit la confiance au lieu de l’avoir construite. »

Abbas pourra ou non reconsidérer sa décision, et bien sûr les élections qui sont censées prendre place en janvier sont encore incertaines en raison de l’incapacité du Fatah et du Hamas à conclure un accord. Mais, en refusant de contraindre Israël à faire une offre réelle pour les Palestiniens, les Etats-Unis ont une fois de plus abusé les Palestiniens modérés comme Abbas, qui ne peuvent se targuer devant leurs électeurs d’avoir obtenu quelque chose. Ce faisant, Obama alimente les extrémistes fabricants de bombes et de lance-roquettes du Hamas, un mouvement fondamentaliste fondé par les Frères musulmans qui refuse le compromis. Sacré boulot, Barack !

M. Abbas a déclaré qu’il était « surpris » - en colère et excédé, serait plus exact, je le crois - par les commentaires de Clinton sur la politique de colonisation d’Israël. Et Clinton, interrogée au sujet de la décision de M. Abbas, a lâché de façon insouciante un « va te faire voir », Abbas : « Nous avons parlé de son propre avenir politique. Je suis impatiente de travailler avec le président Abbas dans ses nouvelles fonctions ».

Publication originale The Nation

traduction Contre Info

http://contreinfo.info/article.php3 ?id_article=2879

 

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