Derrière les mots de paix, les préparatifs d'une agression annoncée

Publié le par Mahi Ahmed

Derrière les mots de paix, les préparatifs d'une agression annoncée

par Kharroubi Habib

 

La Turquie et Israël vont reprendre leurs relations diplomatiques. L'annonce en a été faite à Tel-Aviv où l'on a précisé que cela est maintenant possible après que Benyamin Netanyahu a présenté à la Turquie les excuses de son pays pour l'arraisonnement sanglant en 2009 du navire turc «Marmara» qui faisait route vers Gaza assiégé avec à son bord un groupe d'humanitaires de nationalités diverses.

Pour rappel, l'intervention brutale et totalement illégale de la marine israélienne s'était soldée par la mort de 9 passagers du navire, des Turcs. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et son gouvernement avaient réagi au forfait israélien en prenant la décision de rompre les relations avec Tel-Aviv et de geler la coopération entre les deux Etats notamment militaire qui était particulièrement étroite. Ils ont de même décrété que la normalisation des relations entre les deux Etats ne redeviendra envisageable que lorsque l'Etat sioniste présentera ses excuses à la Turquie. Ce qui est chose faite. Ce n'est pas un hasard si les autorités de Tel-Aviv ont annoncé qu'Israël a présenté ses excuses à la Turquie au moment où le président américain était en visite dans leur pays. Elles ont donné ainsi à décrypter que le président américain n'est pas étranger à l'affaire et que sa visite chez eux a eu d'autres buts que la relance du « processus de paix » moribond entre Palestiniens et Israéliens.

La reprise annoncée des relations entre la Turquie et Israël ne présage rien de bon pour l'Iran. Elle est le signe que l'Etat sioniste est en train de réunir les conditions pour lancer des frappes contre Téhéran, auxquelles Barack Obama a octroyé le feu vert de l'Amérique en affirmant lors de sa visite en Israël que ce pays a le droit d'engager cette opération quand il le décidera et comme il le voudra. Le grand problème qui se posait aux stratèges militaires israéliens est celui de l'itinéraire aérien que leurs avions doivent emprunter pour aller au-dessus de l'Iran et en revenir. L'espace aérien turc étant évidemment le plus propice et le moins aventureux pour l'opération projetée. Ces stratèges ont dû à l'évidence faire pression sur Benyamin Netanyahu pour qu'il «amadoue» les autorités turques en leur présentant les excuses d'Israël.

Washington a dû lui préparer le terrain auprès d'Ankara où elle a certainement représenté à ses autorités que les excuses israéliennes sont pour elles un succès diplomatique de premier ordre qui doit légitimer la reprise de leur étroite coopération militaire avec l'Etat sioniste. Ce succès engrangé, Ankara pourrait maintenant offrir les facilités que Tel-Aviv lui demandera. Il ne faut pas oublier que la Turquie et l'Iran sont en rivalité pour le leadership au Moyen-Orient et se font une féroce guerre souterraine sous les apparences de relations bilatérales normales. Ankara et Erdogan ne seront pas fâchés qu'Israël s'attaque à l'Iran et ce faisant l'affaiblisse au profit de la Turquie.

Les monarchies et les émirats de la région applaudiront à deux mains la Turquie si elle donne à Israël l'autorisation du survol de son espace aérien. Pour ces monarchies et émirats, l'Iran est l'ennemi premier contre lequel ils ont opté pour faire alliance avec Israël et poussent à y adhérer la Turquie «sunnite» ambitionnant au statut de puissance régionale prédominante. Ce n'est pas un message de paix finalement qu'Obama a été délivrer au Moyen-Orient, mais le signal de mobilisation guerrière contre l'Iran à tous les alliés de l'Amérique dans la région.

 

Source: Le Quotidien d'Oran du 240313

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