Les criminels de guerre israéliens au tribunal

Publié le par Mahi Ahmed

Les criminels de guerre israéliens au tribunal !

 

Michel Warschawski - Alternative Information Center

publié le mercredi 23 septembre 2009.

 

La publication du rapport de la Mission d’enquête sur le conflit de Gaza est une avancée importante, à condition qu’elle ait une suite. C’est important d’abord et avant tout pour l’hygiène publique internationale : pendant deux décennies de règne néo-conservateur aux Etats-Unis, nous avons assisté à un travail commun de la Maison-Blanche et d’Israël pour abroger les règles du droit international. Nous pouvons ici rappeler les propos stupides de George W. Bush. Bush, dans le cadre de la guerre globale contre le terrorisme, soutenait qu’il est essentiel de supprimer les limitations imposées aux combattants par les Conventions de Genève. Et Israël, déjà au début des années 70, avait décidé que la Quatrième Convention de Genève n’était pas applicable dans les Territoires palestiniens occupés.

Le rapport, comme avant lui l’avis consultatif du Tribunal pénal international sur les conséquences juridiques de la construction d’un mur dans les Territoires palestiniens occupés, ce rapport rappelle au monde que les leçons tirées de l’ère nazie ne sont pas oubliées, et que le monde n’est pas une jungle où le fort impose sa loi automatiquement, mais une communauté civilisée qui s’efforce d’agir conformément aux lois internationales qui protègent les droits les plus fondamentaux des êtres humains. Et à ceux qui soutiennent, à juste titre, que ces règles internationales sont violées tous les jours par une majorité de pays du monde, nous devons leur répondre qu’il vaut mieux qu’il existe des règles et des lois qui protègent les faibles, même si généralement elles ne sont pas respectées, plutôt que de vivre dans une société sans loi qui permettrait au fort de faire ce qu’il veut.

La réponse des dirigeants israéliens était prévisible : « rapport biaisé », « approche unilatérale », nous avons même entendu que Goldstone était un antisémite... ou un juif rempli de haine contre lui. A la tête de cette campagne, et comment pourrait-il en être autrement, Ehud Barak, lequel a déclaré que « non seulement ce rapport accorde un prix au terrorisme, mais encore il l’encourage. » Et d’ajouter que le ministre de la Défense allait fournir une assistance juridique aux officiers dans les procédures juridiques qui pourraient être lancées contre eux.

En vertu des dispositions du droit international, les recommandations du rapport sont maintenant censées être examinées par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU puis par le Conseil de sécurité qui devrait les transmettre au Tribunal international de la Haye, ou à un tribunal international spécial, de sorte que ceux qui sont soupçonnés d’avoir commis des crimes de guerre soient jugés et, si reconnus coupables, mis derrière les barreaux pour de nombreuses années. Cependant, ce même droit international concède des privilèges aux grandes puissances, notamment le veto. La diplomatie israélienne va se concentrer dans les jours prochains à convaincre certaines de ces puissances d’opposer leur veto et de sortir Israël de ce bourbier. Et d’abord et avant tout, elle fera pression sur la Maison-Blanche.

Ainsi, le véritable test de Barack Obama est venu : pas de déclarations sur « la paix dans deux ans » et sur « le droit des Palestiniens à un Etat », mais s’attaquer vraiment à cette politique qui va à l’encontre des valeurs qu’ils prêche, avec des recommandations claires pour que soient prises des mesures juridiques. Barack décidera si le système de droit international pourra faire ce qu’on en attend. A mon grand chagrin, je parie qu’il se placera du côté d’Israël, c’est-à-dire que les Etats-Unis utiliseront leur droit de veto au Conseil de sécurité des Nations-Unies.

Toutefois, le veto américain n’est pas la fin de l’histoire : de nombreux pays dans le monde ont adopté des lois leur permettant de juger des personnes accusées de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. C’est à nous, à chacune et chacun d’entre nous, en Israël et à l’étranger, qui craignons pour l’hygiène publique internationale et pour le droit international, d’unir nos forces afin de mettre ces criminels de guerre devant le dilemme : risquer d’être jugés s’ils sont pris dans les pays où la législation le permet, ou rester confinés en Israël, abandonner le tourisme en Espagne ou le congé sabbatique au Royaume-Uni. Comme cela est arrivé à l’ancien commandant des forces aériennes israéliennes, obligé de rester dans l’avion sur l’aéroport de Londres, quand il a appris qu’un ordre de détention l’attendait s’il mettait les pieds sur le sol du Royaume-Uni.

Créer un « organisme de surveillance des criminels de guerre israéliens » pourrait être l’une des contributions de la société civile à la suite du rapport de l’ONU, en plus de récupérer des documents et des témoignages utiles sur les actions militaires israéliennes à Gaza, et de surveiller les déplacements de ces mêmes suspects de crimes de guerre.

Le dernier livre de Michel Warschawski : Destins croisés 16 septembre 2009 - AIC - Traduit de l’hébreu en anglais par AIC - traduit de l’anglais par JPP

source :

http://www.alternativenews.org/michael-warschawski/2160-following-publication-of-report-of-the-un-fact-finding-mission-on-gaza-israeli-war-criminals-to-trialcourt-.html

 

Michel Warschawski - Alternative Information Center

 

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