Tunisie : Malgré ses déboires, Nidaa reste une chance pour le pays

Publié le par Mahi Ahmed

Tunisie : Malgré ses déboires, Nidaa reste une chance pour le pays

01/07/2018

Par Sofiene Ben Hamida

 

 

 

En Tunisie comme ailleurs, dans la sphère publique, il existe des vérités qui ne sont pas bonnes à dire. Elles sont politiquement incorrectes. Chez nous, depuis plus de deux ans déjà, l’une de ces vérités politiquement incorrectes consiste à dire que malgré ses déboires, ses dérives et ses choix malheureux, Nidaa reste la seule formation politique apte à garantir l’équilibre avec les islamistes, de les concurrencer sérieusement sur le terrain et de préserver le pays du scénario d’une islamisation rampante.

 

 

 

Les résultats des dernières élections municipales ne font que confirmer cette réalité. Nidaa a été en effet la seule composante politique moderniste à avoir présenté des listes dans toutes les circonscriptions électorales et à montrer par conséquent qu’il a la meilleure implantation populaire parmi  toutes ces composantes.

 

Au niveau des résultats, c’est le même constat. Nidaa, même s’il a perdu un million de voix par rapport à ses résultats de 2014, vient de loin devant tous les partis démocratiques réunis et talonne de prés, au niveau du nombre de voix récoltées comme au niveau des pourcentages des voix, le parti islamiste. La montée spectaculaire des indépendants à l’issue des dernières élections municipales, vu son caractère local et surtout hétérogène ne peut être prise en compte dans une analyse sérieuse des forces politiques en présence dans le pays, ce qui nous donne une cartographie politique très simple : il y a Ennahdha et Nidaa qui se talonnent, puis il y a tous les autres.

 

 

 

Mardi prochain, il y aura l’élection du président du conseil municipal de la ville de Tunis avec une âpre concurrence entre les candidats d'Ennahdha et de Nidaa. Après avoir laissé la présidence du conseil aux islamistes à Sfax, la deuxième ville du pays, il serait mal venu pour Nidaa de perdre la présidence du conseil de la capitale. Au-delà de sa valeur symbolique, les élections de mardi prochain doivent rassurer sur les capacités de Nidaa à rassembler le spectre démocratique, à fédérer et à s’ouvrir sur les franges qui lui sont théoriquement les plus proches. Un exercice périlleux pour un parti qui s’est enfermé dans un autisme dangereux, pour lui et pour le pays, depuis qu’il avait choisi le « tawafek » [concensus], cette alliance contre-nature, et visiblement improductive, avec les islamistes.

 

 

 

Aujourd’hui, malgré ses déboires, ses hémorragies à répétition, ses choix scandaleux ou ses positions suicidaires, Nidaa reste une force d’équilibre dans le pays. Mais il doit changer au plus vite, parce que contrairement à 2013, Nidaa ne répond plus à une attente et n’est plus porteur d’un rêve moderniste et démocratique. Il ne répond désormais qu’à un besoin chez une large frange de Tunisiens qui ont peur ou qui ne veulent pas voir le pays sombrer dans un islamisme rampant et pernicieux. Il doit changer au plus vite parce que son fondateur Béji Caïd Essebsi a déçu. Sa léthargie actuelle, à un moment où tout le pays attend sa réaction salvatrice à propos de la crise grave qui secoue le pays, érode encore plus ce qui reste de son aura. Il doit changer au plus vite parce que son fils, Hafedh, n’a pas cessé de montrer ses limites et son incapacité à porter l’habit d’un leader national, trop lourd et trop large pour lui. Sa cour panégyrique, le panier de crabes dans lequel s’est installé et la horde de mercenaires qui entourent le directeur exécutif de Nidaa, ne lui ont été d’aucun secours et ne lui ont pas permis d’améliorer ses performances. Enfin Nidaa doit changer au plus vite parce que malgré tout, l’idée fondatrice d’un parti populaire, civil, moderne, démocratique et capable de garantir l’équilibre dans le pays, est encore vivace.

 

 

 

Aux dernières nouvelles, Nidaa s’apprêterait à tenir son congrès. Il est dans l’obligation de le réussir en acceptant de faire les sacrifices nécessaires pour retrouver son âme. Il y va de son intérêt et de celui de tout le pays.

Publié dans Tunisie actuelle

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