LA FIN DES ILLUSIONS : La marche sanglante des Palestiniens

Publié le par Mahi Ahmed

LA FIN DES ILLUSIONS : La marche sanglante des Palestiniens

 

Jeudi 17 Mai 2018 00:00

Pr Chems Eddine CHITOUR

60 morts a été un sanglant prix à payer par la jeunesses ghazaouie pour protester contre leurs conditions inhumaines et contre l'annexion définitive de Jérusalem

60 morts a été un sanglant prix à payer par la jeunesses ghazaouie pour protester contre leurs conditions inhumaines et contre l'annexion définitive de Jérusalem

«La Bible n'est pas un cadastre!» Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien

 

Soixante-dix ans de calvaire, voilà comment on peut qualifier la vie de millions de Palestiniens, notamment à Ghaza prison à ciel ouvert. 60 morts a été un sanglant prix à payer par la jeunesses ghazaouie pour protester contre leurs conditions inhumaines et contre l'annexion définitive de Jérusalem du fait que les Etats-Unis se joignent au fait accompli israélien. Mis à part les pays arabes qui ont protesté mollement et hypocritement, les Occidentaux ont protesté du bout des lèvres et sont passés à autre chose. L'Union européenne et le Royaume-Uni ont appelé à la retenue tandis que les ONG internationales, Amnesty International et Human Rights Watch ont dénoncé un recours injustifié aux tirs à balles réelles, la première fustigeant une «violation abjecte» des droits de l'homme et des «crimes de guerre». Le président Erdogan a également accusé Israël de «terrorisme d'État» et de «génocide». Ce qu'il y a de paradoxal est que la cause palestinienne est abandonnée d'abord par ses dirigeants, ceux de l'OLP qui sont là depuis quarante ans et ceux du Hamas qui a leur façon sont arrangés par le statut quo. Les dirigeants actuels de l'OLP qui ont la «bénédiction» de l'Occident sont totalement démonétisés, ils coopèrent avec Israël pour la sécurité d'Israël contre leur peuple pensant ainsi être dans les bons papiers des Etats-Unis et de l'Europe. Ils n'ont pas encore compris qu'il n'y a rien à attendre d'un président américain qui ne fait qu'appliquer une résolution du Congrès américain qui a voté le déplacement de l'ambassade américaine à Jérusalem dès les accords d'Oslo; les différents présidents américains de Clinton à Bush à Obama n'ont fait que reporter tous les six mois leur promesse de campagne de déplacer l'ambassade tel que prévu par un article du texte du Congrès. Ce que Trump avait promis de faire, durant sa campagne, il l'a fait! C'était prévisible! Les Palestiniens vivent de subsides de l'Europe et des différents programmes des Nations unies. Leurs dirigeants en se servant grassement au passage laissent des miettes aux Palestiniens lambda. Avant de traiter de la tragédie d'hier qui a vu une autre Nekba symbolique, il est utile de décrire brièvement le statut quo actuel.

 

La Nekba palestinienne: enjeu politique et bataille mémorielle

La contribution suivante du journal Le Monde pose les termes du débat: «Comme chaque année depuis 1998 et une décision de l'Autorité palestinienne de marquer l'exode des populations palestiniennes en 1948, Palestiniens et Arabes israéliens ont commémoré ce week-end le 67e anniversaire de la 'Nekba'', la 'catastrophe''. Des accrochages entre Palestiniens et soldats israéliens ont fait 21 blessés en Cisjordanie et dans la bande de ghaza. Depuis le retour au pouvoir en Israël du chef du Likoud, Benyamin Nétanyahu, en 2009, cette commémoration cristallise les tensions. Après que le gouvernement a banni l'usage du mot «Nekba» des manuels scolaires et tenté de criminaliser sa commémoration, le Parlement israélien a voté en 2011 une loi autorisant le ministère des Finances à priver de subventions toute ONG qui organiserait un événement autour de cette journée. «Tous les Arabes qui ne sont pas fidèles à Israël devraient être décapités à la hache», avait de son côté lancé, en guise d'ouverture des hostilités cette année, l'ex-ministre des Affaires étrangères et ultranationaliste Avigdor Lieberman, leader du mouvement Israël Beitenou, lors d'une réunion électorale en mars.» (1)

«Quand, en 1947, poursuit le journal, l'Empire britannique décide de se débarrasser de la Palestine mandataire et de confier le dossier aux Nations unies, 650 000 juifs sont établis en Palestine; les Palestiniens arabes représentent autour de 1,2 million à 1,4 million de personnes. En novembre, l'Assemblée générale de l'ONU vote la partition du territoire en deux Etats indépendants: l'un, juif, s'étendant sur près de 55% du territoire; l'autre arabe, sur près de 40% des terres - Jérusalem bénéficiant d'un statut de «ville internationale». Après plusieurs mois de combats dont les deux camps se rejettent la responsabilité et de déplacements de populations, la déclaration d'indépendance israélienne, le 14 mai 1948, provoque l'intervention directe des armées des pays arabes voisins pour tuer dans l'oeuf le nouvel Etat. Elles sont repoussées puis vaincues.» (1)

«De novembre 1947 à l'issue de la guerre, en juin 1949, jusqu'à 750 000 Palestiniens quittent, fuyant ou expulsés, les territoires sous contrôle israélien, leurs biens sont saisis. Seuls 150 000 restent établis dans le nouvel Etat. Aujourd'hui, plus de 43% des Palestiniens vivant dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie sont considérés comme «réfugiés». Le nombre de réfugiés (issus des guerres de 1948, 1967 et leurs descendants) enregistrés auprès de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa) était de plus de 5 millions en 2014, répartis entre la Syrie, la Jordanie, le Liban et les territoires palestiniens. Les Palestiniens ont toujours estimé avoir été victimes d'un nettoyage ethnique en règle: «Israël a pris le contrôle de 774 villes et villages, en a détruit 561 et commis 70 tueries et massacres», déclarait ce 12 mai la directrice du bureau central des statistiques palestinien à Ramallah. L'application iNakba, développée par l'ONG israélienne Zochrot, permet de localiser 400 à 500 villages palestiniens détruits en 1948 (...)» (1).

 

Que reste -t-il de la Palestine?

La Nekba n'est pas tombée du ciel, elle a été minutieusement préparée. Dès juin 1938, Ben Gourion déclare devant l'Exécutif de l'Agence juive: «Je suis pour le transfert forcé [l'expulsion des Arabes palestiniens]. Je ne vois rien là d'immoral. En novembre 1947, David Ben Gourion a confié à Yigaël Yadin le soin d'étudier un plan militaire permettant de préparer le Yichouv à l'intervention annoncée des États arabes. Comment bouter les Arabes du maximum de terres pour l'espace vital juif? Il s'agit du plan Daleth qui est mis en application dès le début du mois d'avril. Ilan Pappé y voit un plan mis au point par les sionistes pour spolier les Arabes palestiniens de leur terre en les chassant de leur terre.» (2) (3)

L'historien Schlomo Sand dans son ouvrage: «Comment le peuple juif fut inventé» et deux autres auteurs israéliens, Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, ont montré justement que nous avons affaire à un même peuple: les Cananéens.» «Il n'existe aucune preuve, écrivent-ils, d'une invasion de Canâan par les enfants d'Israël commandés par Josué... L'archéologie révèle que les habitants de ces villages n'étaient autres que les peuplades indigènes de Canâan qui, petit à petit, ont fini par développer une identité ethnique que l'on peut qualifier d'israélite.» En définitive, seul un Etat de tous les citoyens avec une égale dignité permettra le retour de la paix dans cette région du monde qui a vu l'avènement du monothéisme.» (4)

 

Les arguments fallacieux d'Israël

Au nom de la responsabilité collective Israël avance qu'il y a eu plusieurs centaines de milliers de Juifs qui ont quitté les pays arabes et de ce fait ce n'est que justice, qu'ils chassent les Palestiniens de leurs habitations. Cet amalgame honteux n'a pas été relevé, car il s'agit de comparer l'incomparable. Personne n'a chassé les juifs des pays arabes. C'est la propagande juive qui a fait un battage extraordinaire avec la fameuse «allya» (le retour:la montée vers Israël) financée par les riches américains et européens d'origine juive Même l'actuel ambassadeur américain d'origine juive finance la colonisation! Selon les attendus de la loi votée le 24 juin 2014 par la Knesset, le Parlement israélien, 856 000 juifs ont été expulsés ou ont dû quitter des pays arabes entre 1957 et 1972 Ils demandent de ce fait des indemnités. Ce qui n'est pas dit est que les juifs d'Afrique du Nord sont partis d'eux-mêmes non pas vers Israël, mais vers les pays occidentaux quittant des pays sous développés et donc pour des raisons économiques, financières, religieuses et même pour le très petit nombre religieuses» (2).

Le droit au retour et les indemnisations sont exclus par les gouvernements israéliens en application de la résolution 194 des Nations unies. Mieux, il a fait voter une loi (la loi du retour qui stipule que tout juif de par le monde a le droit de venir s'installer en Israël ce qui explique une colonisation sauvage au-delà de la ligne verte de près de 500 000 colons dans les territoires occupés depuis 1967 et qui devaient être évacués selon la résolution 242 de novembre 1967».

 

Ce qu'ont fait les Ghazaouis

Pour le 7e vendredi de suite, des milliers de Palestiniens de Ghaza ont également pris part à des manifestations pacifiques dans le cadre de la «Grande marche du retour». Ceux de Ramallah n'ont pas bougé ou si peu! il y a déjà une faille entre les Palestiniens de Ramallah et Hebron qui s'accommodent avec ce que leur permet Israël et ceux de Ghaza qui sont punis.

L'ouverture de l'ambassade américaine le lundi 14 mai, a coïncidé avec le 70e anniversaire de la Nekba du peuple palestinien, qui marque l'occupation israélienne de la Palestine et l'expulsion de 700 000 Palestiniens de leurs terres à cette occasion, ainsi que le Centenaire de la sinistre Déclaration de Balfour. Des dizaines de milliers de Palestiniens sont venus protester contre cette deuxième Nekba mobilisés pour «la confrontation» avec l'occupant israélien, mettant en avant l'importance des marches pacifiques pour la réhabilitation de la cause palestinienne, la mobilisation de l'opinion publique palestinienne, l'imposition de nouvelles équations au conflit et l'extension de la résistance à l'occupation. Des dizaines de milliers de Palestiniens ont manifesté d'une façon délibérée sans aucun ordre contrairement à ce que prétendent Israël et les Etats-Unis. Ce mouvement, par son ampleur, dépasse l'embrigadement du Hamas. C'est un ras-le-bol de jeunes prêts à mourir une fois au lieu de mourir à petit feu d'un horizon bouché et du fait d'un embargo inhumain,d'aucunes perspectives en termes d'épanouissement de travail avec l'électricité trois heures par jour, l'eau rationnée et l'insalubrité. Pendant que les dirigeants de l'OLP sont dorlotés par Israël à Ramallah car ils font le job pour lequel ils ont été désignés.

La propagande des médias occidentaux alimentée par le gouvernement israélien incrimine le Hamas, les Ghazaouis, hommes, femmes, jeunes filles, enfants sortant le matin et allant protester à mains nues contre les snipers, seraient manipulés! En face, les soldats, considèrent comme des pigeons dans un stand de foire. 42 morts, plusieurs centaines de blessés avant la journée de la mort qui a fauché 60 personnes en une fois - qui s'ajoutent aux 42 morts du mois précédent et aux milliers de blessés sous le regard indifférent des nations, de l'assentiment des Américains pour qui Israël à le droit de se défendre contre les lance-pierres...

 

Que font les Arabes? Que font les Occidentaux?

Plus que jamais, l'enclave palestinienne de Ghaza paie l'a-plat-ventrisme de ses dirigeants Hamas et OLP, mais aussi des pays arabes et plus largement des nations tétanisées par l'Empire et le droit de la force mis en avant par Israël qui ne veut pas entendre raison.

Déplorant la décision de Washington de transférer l'ambassade des Etats-Unis à El Qods occupée, Sergueï Lavrov a exprimé, vendredi, les préoccupations de Moscou. L'Algérie, a condamné la décision de l'administration américaine et l'a qualifiée de «grave». Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a déclaré que la décision de transférer l'ambassade américaine à El-Qods occupée est illégale et ne tient pas compte des résolutions et des lois des Nations unies. «C'est un fait, les Palestiniens ont fait le deuil de leurs dirigeants qui sont de fait de connivence avec l'autorité d'occupation. Les rêves d'un Etat palestinien ont été enterrés avec Arafat et le monde occidental accepte le fait accompli. S'agissant des Arabes, ils ont une position abjecte au-delà des mots creux de solidarité avec la cause palestinienne, ils ne s'arrêtent pas d'en faire une variable d'ajustement. A cet égard, la position d'Al Sissi vaut mieux que 100 discours. Saleh al-Naâmi nous en parle dans une contribution intitulée «Pourquoi le dictateur égyptien hait les Palestiniens». «Selon l'orientaliste sioniste Reuven Berko, Al-Sissi montre son hostilité envers le Hamas afin d'affirmer à Israël et aux Occidentaux qu'ils peuvent compter sur lui pour faire face au «terrorisme islamique» (Israel HaYom, le 27 Juin 2014). (...) Ayelet Shahar, la correspondante pour la radio de l'armée israélienne, a cité des sources du bureau de Netanyahu confirmant qu'Al-Sissi lui avait offert d'établir un État palestinien au nord du Sinaï et qu'il n'avait pas besoin de vider les colonies juives de Cisjordanie.» (2)(5)

Pour les Saoudiens, la cause palestinienne ne paie plus, ils s'arriment à la remorque israélienne Pour rappel, Walid Ben Talal, un prince déclarait il y a quelques années avant l'avènement de Mohamed Ben Salman que les Arabes doivent renoncer à leur acrimonie à l'égard de la nation juive et à oeuvrer en vue d'un Moyen-Orient prospère. La plus grande traîtrise vient des pays arabes qui ont été lâches pour une cause qui ne concerne pas la religion ni l'ethnie, mais la dignité humaine. La cause palestinienne longtemps instrumentalisée d'abord par les leaders palestiniens ne fait plus vendre. La plupart des pays arabes sont alignés sur les Etats-Unis et donc sur Israël La priorité pour l'Occident est de combattre Daesh, les Frères musulmans, le salafisme, aidés en cela par les potentats du Golfe et les républiques bananières. Les pays occidentaux sont occupés à défaire les Etats arabes avec bien entendu l'assentiment, voire l'aide directe et indirecte d'Israël et des pays du Golfe. Les Palestiniens disparaîtront en tant que nation, ils resteront comme un peuple vaincu dans un statut de deuxième collège, en pire avec toute la politique raciste dont ont tant souffert les juifs de par le monde occidental et qu'ils appliquent cette fois en tant que bourreaux à des hommes, des femmes et des enfants sans défense.

Le président Trump a enterré définitivement à la fois son rôle de facilitateur, mais aussi la solution à deux Etats. Beaucoup d'analystes pensent que ce qui reste du banthoustan aux Palestiniens, maintenant que les Israéliens ont occupé ce qu'il y a de mieux en Cisjordanie, ne permet pas un Etat palestinien. Peut-on rêver alors à un Etat de tous ses citoyens, le fameux «Isratine» d'El Gueddafi! Pour cela Israël ne doit pas se vouloir uniquement un Etat juif, mais un Etat démocratique. Il est vrai que les pays arabes ne peuvent pas être pris comme exemple à la fois de démocratie et de tolérance...

 

Le vivre ensemble

La paix du monde commence par l'acceptation de l'Autre quelle que soit son ethnie, quelle que soit sa religion. L'appel pour le vivre ensemble des Nations unies et auquel a participé l'Algérie devrait être une boussole pour les peuples. Cheikh Khaled Bentounès, guide spirituel de la confrérie soufie Alawiyya et président d'honneur de Aisa, ONG internationale a participé à la réunion de décembre 2017 de haut niveau organisée à New York lors de la 72e session des Nations unies en présence du ministre des Affaires étrangères Aisa ONG Internationale est l'initiatrice de ce projet; l'Algérie a répondu à l'appel lancé par la Déclaration de Paris élaborée le 19 mai 2017 à l'Unesco et qui consistait précisément à demander à l'ONU d'instituer une Journée internationale du vivre ensemble, qui est devenue une réalité. Elle sera fêtée chaque année le 16 mai. Gageons que cette pierre à l'édifice de la paix,pourra contribuer à la sérénité du monde. Amen!

 

1.http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/05/19/la-nakba-palestinienne-enjeu-politique-et-bataille-memorielle_4636240_4355770.html

2.https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/qui-se-souvient-de-la-palestine-179266

3Chems Eddine Chitour http://www.mondialisation.ca/ 65-ans-de-deuil-de-sang-et-de-larmes-qui-se-souvient-de-la-nakba/5335817

4.Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman: La Bible dévoilée p.157.Ed Gallimard 2010.

5.Saleh al-Naami http://www.info-palestine.eu/ spip.php?article15396 27 mai 2015

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